miércoles, 13 de agosto de 2014

Toujours dans mon cœur

Quand, en juillet 2011, j’ai décidé de publier quelques-uns de mes livres sur Amazon, je n’avais pas la moindre idée de ce qui allait se passer pour eux. À vrai dire, à cette époque, je n’avais pas non plus la moindre idée de ce qui se passerait dans ma vie. Cela faisait 6 mois que j’avais perdu le compagnon de toute ma vie, 38 années qui ne se sont pas passées en vain. Je restais toujours dans une sorte de brouillard provoqué par la douleur de la perte et des mois précédents, durant lesquels la maladie gagna une bataille qu’il sut endurer grâce à cette force de volonté et d’intérêt qui le guida toute sa vie.

Je ne pouvais pas accepter que Henry – Waldek pour la famille de Pologne et pour les lecteurs du roman « La Búsqueda » – ne soit plus à mes côtés, qu’il ne soit plus mon premier lecteur, que je ne me réjouisse pas chaque matin de son sourire, parce qu’il était ainsi : tel que je l’ai décrit dans le roman, toujours joyeux, optimiste, serviable et ordonné. Tout ceci me permet aujourd’hui de continuer à vivre dans un refuge plutôt qu’un foyer, car, grâce à lui, j’ai appris que même si le monde est en train de basculer, nous devons conserver l’ordre, l’organisation et surtout : « être méthodiques nous aidera à survivre, peu importe la malchance ou le malheur que la vie peut nous apporter ».

C’est ainsi que j’ai commencé à retrouver la mienne. Jour après jour, comme si Waldek était en train de regarder ce que je faisais et comment je le faisais. Et grâce à cela, j’ai réussi à survivre. Je le reconnais à présent, car je n’aurais pas su le faire avant, puisque je n’avais pas conscience de ce qui m’arrivait. Les premiers mois, je me laissais aller à l’inertie, je faisais des choses que jamais je n’aurais faites, comme de prendre contact avec une personne par Internet, une amie, sans savoir pourquoi je me poussais à l’accepter alors que, d’emblée, je ne l’aurais pas admise avant. La seule bonne chose de ces premiers mois fut que j’ai voyagé et que je me suis sentie protégée par de vieux amis, en moins de temps que je l’aurais cru, tout cela pour respecter cet étrange accord.

À mon grand regret, je voulais retrouver ma vie, mais plus rien n’était comme avant. En fait, est-ce qu’un jour peut être égal au précédent ? Certainement non. J’ai connu des personnes qui, durant ces mois, eurent la patience de supporter mes emportements, mes frustrations, mes désirs de ne plus continuer à vivre, et je peux dire à présent que, grâce à ces amis, je continue à écrire. En particulier grâce à l’un d’eux qui, parfois, me grondait, un ami qui fut celui de Waldek et qui continuera à être le mien jusqu’à ce que le destin se charge de faire son travail, comme cela doit être.

Mais aussi, il m’aida à ouvrir de nouvelles opportunités. Ici au Venezuela, j’ai connu des femmes courageuses, qui, en toute coïncidence, se sont retrouvées veuves dans les mêmes circonstances, femmes écrivains que m’introduisirent dans le milieu intellectuel auquel j’avais tant rêvé d’appartenir. J’ai créé des liens d’amitié dans différentes parties du monde. C’est la magie d’Internet, je sais que je ne suis pas seule, il y a beaucoup de gens qui partagent mes inquiétudes, et la vie s’est chargée de nous rapprocher par ce biais, le même avec lequel, en ce moment, vous êtes en train de lire ces lignes.

Avant, la publication se faisait seulement sur papier, on envoyait des lettres par le courrier et un postier les transportait ou les distribuait à domicile. Aujourd’hui, tout se résume en secondes, tout passe par les réseaux, par un moyen que nous savons qui existe, mais que nous ne pouvons pas définir avec exactitude, et je crois que Dieu même peut être au courant de ce que vous êtes en train d’écrire parce que tout reste dans l’espace. De même Henry, Waldek, Waldusiu, comme disait ta mère, tu vois bien que je mène une vie ordonnée, organisée, à l’heure et au jour justes, et que, lorsqu’on est seul, il vaut mieux ne pas se perdre en divagations, et cela, tu le savais mieux que personne. C’est ce qui t’a aidé à survivre. Sauf que tu n’étais pas préparé à ce que la mort, sournoisement, te joue un mauvais tour. Tu étais prêt à lutter contre quelque chose de tangible. Cette autre chose n’était pas pour toi. Les maladies étaient pour les autres. Je l’ai compris.

Où que tu te trouves, Waldek, je veux que tu voies que ce que je fais, je le fais bien. Je veux que tu sois fier de moi, que toutes ces années à tes côtés valaient la peine, et que tu continues à être dans mon cœur.

À bientôt, mon amour.

Blanquita, comme tu m’appelais toujours.

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